✨#surleblog ✨ #Résistantes : Suzy, la nuit
Ce soir, je vous livre la parole d’une femme entrée en combat il y a bien longtemps, pour sa fille. Je sais que vous la recevrez avec toute la grandeur d’âme que je vous connais ♥️
PS : merci pour vos mots doux d’hier.
PS2 : lien direct dans ma bio.
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« Suzy va bien. Elle n’a pas tout compris, elle a eu un peu peur. Elle serrait ma main avec ses petits doigts, je sentais qu’elle se concentrait très fort pour ne pas trembler quand on marchait dans la rue, avec la perruque. Au début c’était un jeu, et puis, comme toujours, c’est devenu un danger. Il faudra que tu t’occupes d’elle. C’est une petite fille troublante, tu ne peux pas lui cacher tes meilleures intentions. Elle finit par tout savoir, elle écoute aux portes de tes yeux. Quant on passait près des policiers, elle me regardait sévèrement. Elle va mieux maintenant. Depuis que j’ai compris qu’elle m’avait suivi par amour. Tu sais, que ce n’était pas un choix, que c’était moi et puis c’est tout. »
Je suis une hypersensible, élevée avec des valeurs morales strictes et un code de conduite irréprochable.
Je suis une hypersensible qu'on a choyée, encouragée à devenir, et qui reste marquée par la sévérité de son enfance.
Je suis une hypersensible qui ne manquait de rien, mais qui devait s'astreindre à pousser droit.
Etre gentille, ne pas faire de colères, favoriser la diplomatie, l'indulgence, et toujours, faire montre d'une éducation qui devait "m'ouvrir des portes".
Pour nos enfants, très vite, j'ai rêvé de tendresse. D'un peu de bordel, de voix qui fusent, de galipettes sur le canapé. J'ai rêvé d'être capable de faire passer leurs émotions avant la bienséance, d'encourager Romy à être une nana solide, capable de tout quitte à sortir des sentiers battus de la féminité. Je ne voulais pas lui apprendre à être douce, je veux q'elle dévale le monde.
Mais je butte, souvent. Je reproduis, malgré moi.
Je fais des étirement pour être plus souple, Oumi me donne un bon exemple. Je crois que j'y arrive, un temps. Et puis la fatigue, la grossesse, les trajets, les contractions, les nerfs, les nuits debout, le manque de temps pour soi peut-être, l'adolescence des trois ans, le mimétisme avec les autres enfants de son âge, le défi perpétuel de la réalité...
Cette semaine j'ai perdu patience. J'ai puni. J'ai menacé. Aux jouets, aux dessins animés, à tout. Cette semaine j'ai crié, j'ai eu du mal à calmer ma colère.
Parce qu'elle pleurait pour un rien, parce qu'elle tapait du pied ou mordait, parce qu'on en était au septième repas de lutte.
Ce soir, il y a la promesse de ses premières vacances scolaires. Hier à la même heure, je m'isolais quelques minutes pour pleurer, à bout de nerfs.
Alors je décide que c'est terminé, je vais chercher comment sortir de ces réflexes d'éducation qui ne nous conviennent pas.
Même si elle est plus difficile avec moi qu'avec Oumi, même si la grossesse y est sans doute pour quelque chose, même si je suis pour l'indulgence envers soi-même.
En avant, la nouvelle ère.
Ce soir, quand tes larmes ont coulé d’avoir été mise à l’écart par une de tes copines, j’ai senti mon coeur vaciller.
Je sais que tu es au début de ta grande aventure. Les liens que tu tisseras avec les autres, les valeurs dont tu te défendras, les deuils que tu affronteras, je sais que ça s’appelle la vie. Que je peux être ton refuge, mais pas ton arbitre. Que je dois intervenir le moins possible, qu’il faut éviter de projeter sur toi les blessures de la petite fille solitaire que j’ai été.
Mais ce soir, j’ai vu dans tes yeux que le barrage cédait. Tout ce que tu avais pris sur toi, de séduction, de bonne humeur, de joliesse, tous ces fards d’un revers étaient perdus et tes larmes ont coulé.
Des larmes de douleur.
Des larmes qui disaient - pourquoi on ne m’aime pas ? Pourquoi on ne veut pas de moi ?
Et je t’ai prise dans mes bras, j’ai essuyé tes joues, j’ai dit que tu ne dois pas être définie par les autres. Tu as trois ans, je me suis perdue dans un long discours sur l’importance de te choisir, quand les autres ne te choisissent pas. Je ne sais pas si tu as compris. J’aurais voulu te soustraire pour toujours à ce sentiment sourd et terrible que j’ai trop bien connu.
Qui pourra me dire où s’arrête là légitimité d’une maman à défendre son enfant, quand on sait tous que le monde des petits est dur et fait d’apprentissages ? Je sais déjà, je sens, que je ne m’habituerai jamais à cet abysse. Te laisser échouer, guérir, courir après le vent, te regarder te perdre et maquiller ton âme pour séduire l’autre, je sais déjà que je ne risque pas de m’y faire.
Heureusement sans doute, Oumi me ramène au calme. « Laisse la chercher ses propres solutions, on ne peut que l’aimer. »
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C’est la journée des anges. Ces enfants qui nous manquent, chaque seconde. Ils sont tellement, j’aime imaginer qu’ils jouent aux billes sur les nuages endiablés. Qu’ils se marrent bien, défaits de nos chaînes humaines.
C’est la journée de leurs parents, qui tiennent debout on ne sait pas comment, qui avancent et se projettent sans jamais arrêter d’avoir le coeur figé aux aiguilles du temps meurtrier. La journée sombre, indélébile, et en même temps le coeur bavard pour dire toute la place que ces oiseaux de paradis prennent dans nos vies.
C’est la journée du courage, de l’amour, des familles parfois invisibles, des combattant.e.s, des petites sœurs des petits frères qui ne comprennent pas encore réellement. C’est la journée de l’absolu douleur, du désespoir, de l’insurmontable, de ce qui ne peut jamais guérir. Voudrait-on vraiment guérir des enfants tant aimé.e.s ?
C’est la journée de ma première nièce, la jolie S., celle qui a redistribué toutes les cartes du monde, celle qui habite son papa, sa maman, et nos âmes neuves depuis elle.
C’est la journée pour allumer une bougie. Pour elle. Pour son cousin. Comme dans chaque église, chaque mosquée et chaque temple que nous pénétrons. D’une cousine, à celle qui lui manque. Avec tout notre amour ma jolie fée.
#deuilperinatal .
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À toutes les petites filles du monde.
Vous êtes grandes. Vous êtes capables. Vous êtes riches. Libres. Puissantes. Vous êtes debout. Vous êtes entières. Belles. Lumineuses. En marche. Créatrices. Vous êtes partout. Et ensemble. Vous êtes fortes. Vous êtes combattives. Vous êtes drôles. Vous êtes sensuelles. Vous êtes tout.
Et à toutes les petites filles qui tremblent encore en nous: pardonnez-vous. Le long chemin pour embrasser vos joues dans la glace, la difficulté de devenir femmes dans un monde où tant de violences vous menacent encore, pardonnez-vous les regards baissés les corps mal aimés. Vous n’avez jamais été responsables des brimades ou des injonctions d’obéissance. Vous ne pouviez parfois même pas les admettre.
Mais le monde change, nous l’obligeons à plus de dignité. Il évolue, rarement assez vite, pourtant il devient.
Et nous élevons nos filles et nos garçons sous le même ciel : pour qu’un jour toutes les petites filles du monde, soient les égales de tous leurs petits homologues.
#journeeinternationaledesfilles .
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